Le Monde vu de la Cortewilde

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14/12 "La réforme de la formation des enseignants"

   

 

     Ca-y-est, le monstre du Loch Ness a refait surface à Namur : le ministre de l'enseignement Marcourt a un plan miracle pour renforcer la formation des enseignants : tous vont passer à 5 ans d'études, de l'instituteur au licencié. Niveau "master" pour tous! Voilà son remède miracle à tous les maux de l'école, dont les principaux sont la mauvaise place de la Wallonie dans les niveaux européens (français, maths, sciences...) et le nombre insupportable de doubleurs...

 

     Vous vous en souvenez peut-être : la Simonet en avait déjà touché un mot à la rentrée de septembre, ainsi que de l'idée de garder les élèves du primaire à l'école jusqu'à 17h, histoire de les mettre sur pied d'égalité pour faire leur "devoirs". Et à l'époque, je vous avais déjà fait part de mon scepticisme face à ces effets d'annonce : en effet, l'enseignement n'a plus le moindre sou pour rien, et il peut s'estimer heureux d'avoir échappé à la vague de restrictions qui touchent le budget 2013. Pas question dès lors de rêver de la moindre rallonge...!

 

     Et pour en revenir au bébé de Marcourt, je ne dis pas qu'il est mort-né financièrement parlant, mais notre ministre ne manque pas de culot pour jouer avec les sous qu'il n'a pas! En effet, ce projet devrait coûter 650 millions d'euros selon les experts, et le Marcourt ne le nie pas. Et d'autres problèmes risquent de s'ajouter. Je pense ainsi à tous les étudiants pour qui deux ans d'études supplémentaires s

 

Le nouveau salaire des nouveaux enseignants.

 

      Tous ceux qui ont été formés en 5 ans seront payés au barème 501 (licencié actuel). Je me demande donc où on va trouver l'argent pour payer la différence...

       D'autre part, les enseignants actuels qui n'ont fait que 2 ou 3 ans, mais qui sont chevronnés et très efficaces vont se sentir lésés dans l'affaire : à travail de qualité égale, salaire égal, non? Je vois là une source supplémentaire de démotivation qui risque d'éclaircir encore plus les rangs des pédagogues...

       C'est aussi, indirectement, une dévalorisation de l'enseignement universitaire qui est autrement plus exigeant et coûteux.

 

La réponse de Marcourt : du non-dit machiavélique!

 

       Pour éluder ce problème budgétaire, Marcourt dit qu'avec les enseignants mieux formés, on va économiser énormément d'argent sur le nombre de doubleurs, qui est actuellement insupportable.

       Et là, je m'insurge absolument contre cette vision des choses qui, selon moi, est insultante pour les enseignants. Dire qu'avec des enseignants mieux formés, les doubleurs vont disparaître, c'est en fait insinuer que le fait de doubler est dû à la mauvaise qualité des enseignants! Et ça, c'est indigne, honteux!

       L'immense majorité des enseignants sont sufisamment qualifiés, plus peut-être qu'auparavant, mais ils ne peuvent rien contre une mentalité et un comportement d'une grande partie des jeunes qui n'accordent plus d'intérêt pour les études. Pour eux, la vraie vie est ailleurs...

       Jadis, les instituteurs sortaient d'école normale à 18 ans, et le taux de réussite en primaire était très élevé. Aujourd'hui, ils sont formés beaucoup plus longtemps et le nombre de doubleurs en primaire ne fait qu'augmenter. Ne me dites pas que c'est la faute aux enseignants!

       Dans le secondaire, c'est exactement la même chose. Avoir des échecs et redoubler était beaucoup plus rare et était presque considéré comme une honte. L'école était pourtant beaucoup plus sévère un examen de passage non réussi et c'était le redoublement automatique, même pour un petit cours d'une heure. Aujourd'hui, des élèves avec 5 échecs graves sont encore délibérés pour savoir si on leur laisse une chance!

 

     Mais voilà, c'est plus facile de mettre la faute sur les enseignants, et les dévaloriser encore plus aux yeux de la population.

 

La fin des doubleurs...

 

     Autre chose encore : si le nombre de doubleurs diminue, c'est automatiquement un nombre proportionnel d'enseignants qui riquent de passer à la trappe, ce qui veut dire que c'est avec ces salaires en moins que l'on va payer la différence de barème des nouveaux formés. Au final, ce seront les enseignants eux-mêmes qui auront financé ce projet machiavélique!!!

 

 

 



14/12/2012
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