Le Monde vu de la Cortewilde

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15/07/14 : "Demain on ne rase plus gratis, on tond!"

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     A la une de l'actualité en ce mois de juillet, la formation des différents gouvernements qui seront amenés à gérer notre pays "en bon père de famille", du moins peut-on le rêver...

     Et c'est évidemment sur les futurs gestionnaires de la Wallonie que se porte principalement mon intérêt, puisqu'ils détiendront les cordons de nos bourses durant la prochaine législature...

     En effet, en ces périodes de vaches maigres, de crise économique et sociale, on peut se douter que la gestation du futur budget risque d'être douloureuse et que l'accouchement des mesures d'équilibre nécessitera des forceps bien costauds...

     Ce qui attise tout particulièrement mon intérêt, c'est, par la force des choses, le sort réservé à l'enseignement. Pour des raisons personnelles bien sûr, mais aussi parce que je considère qu'un enseignement efficace est une des clés de la résolution de la crise, en évitant l'accroissement de ces chômeurs non diplômés dont l'avenir est bien noir. Et qu'il faut donc y mettre le paquet, pas forcément en termes d'argent, mais de créativité positive.

Les promesses électorales...

     Et avant les élections, j'étais resté assez optimiste car à en croire tous les programmes des partis, j'avais constaté que l'enseignement allait échapper à juste raison aux coupes budgétaires sombres et aveugles.

     Et hier, à la suite de la lecture d'un article qui m'a ébranlé dans mes certitudes, je suis allé refaire un petit tour dans les programmes électoraux des différents partis wallons, afin de me remémorer ce qu'ils avaient promis pour l'enseignement dans la prochaine législature.

     Pour le PS d'abord, il y avait bien sûr l'idée ( aussi saugrenue que couteuse) des repas gratuits à l'école, idée chère à Magnette et âprement défendue par lui. Je lis aussi la lutte contre l'échec et la violence, la prise en compte des idées des enseignants pour résoudre les problèmes (ça, c'est du neuf!!!), l'accompagnement des équipes pédagogique contre le décrochage scolaire, les nouvelles places dans les zones à forte démographie, et j'en passe...(tout cela a un cout...)

     Pour le MR, il fallait généraliser la remédiation individuelle (là il faut des embauches), la création d'un fonds pour les fournitures scolaires (là il faut des sous) et améliorer les allocations d'études (des sous svp!).

     Ecolo, parmi d'autres idées déjà citées ci-dessus,  parlait en outre de rénover et de construire des écoles (là aussi, il faut encore des sous...)

     Terminons avec le CDH, où je lis refinancer l'enseignement supérieur (des sous), des moyens supplémentaires pour le numérique (re-des sous), créer une nouvelle filière technologique entre le général et le qualifiant (des sous "ter") et le financement égalitaire des 2 réseaux (des sous, encore des sous!).

     Bref, l'enseignement semblait devoir bénéficier, quelle que soit la coalition, d'un refinancement conséquent...

 

Le retour à la dure réalité...

           Mais hier, en lisant dans Nord-Eclair un article sur l'état d'avancement des négociations, je me suis senti ramené à une dure réalité que je connais bien, et à un mot d'ordre que j'ai déjà souvent évoqué sur ce blog, une véritable leitmotiv pour nos gouvernements "Y'a plus de sous!". J'avais déjà souvent écrit que dans notre chère Wallonie, tout projet devant coûter plus de 10€ est fatalement mort-né (sauf bien sûr les projets personnels indispensables, comme la gare de Mons par exemple...)

      Et donc, tout-à-fait dans la logique de ce principe, je lisais hier, le texte suivant :

     "La Communauté doit en effet réaliser une purge dans l'enseignement lui permettant d'économiser 150 millions d'euros par an, ce qui pourra difficilement se faire sans toucher aux écoles et aux enseignants eux-mêmes."

     Voilà donc comment nos chers politiciens, à qui nous avons confié notre vote en toute confiance à la lecture de leur(s) programme(s), voilà comment ils résument après coup, en une seule phrase et sans scrupule, toutes les belles promesses, tous les engagements qu'ils ont prononcés la main sur le cœur, "croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer!".

    Pauvres naïfs sommes-nous, et pourtant ce sont les mêmes qui, plusieurs fois déjà par le passé, ont fait passer l'enseignement à travers la moulinette amaigrissante. Sur mes 38 ans de carrière d'enseignant, je n'ai jamais connu que des "tours de vis" dans la profession.

     Mais combien de fois encore allons-nous faire confiance à ces gens qui, par peur de perdre leur confortable petit morceau de pouvoir, omettent de nous dire la vérité toute nue : qu'il n'y a pas d'argent pour faire ce qu'ils promettent et qu'il faut tout simplement faire mieux avec ce que l'on a. Ce qui serait déjà peut-être possible si on laissait les enseignants essayer de trouver eux-mêmes des solutions...

     Voilà ce que je trouve particulièrement indécent chez nos élus : cette faculté pleine de cynisme d'oublier du jour au lendemain les promesses faites et de passer à leur contraire absolu (et tous d'accord!) comme si elles n'avaient jamais existé, et de le faire comme si tout ça était normal. Un manque de respect total pour l'électeur qui n'existe désormais plus pour une durée de 5 ans. Ils veulent avant tout conserver leur place au pouvoir et par tous les moyens, même au prix du mensonge et de la trahison des engagements...

     D'un autre côté, nous avons les dirigeants que nous méritons, puisque nous  revotons chaque fois pour eux...

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15/07/2014
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