Le Monde vu de la Cortewilde

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2/02/13 : "Houthem en photos anciennes : 14-18"

     Le 17/11 dernier, j'avais publié quelques photos anciennes d'Houthem avant la première guerre mondiale. Il faisait suite à un article sur les cafés houthémois d'avant guerre.

 

     Aujourd'hui, je continue avec quelques photos de mon village prises à différentes époques de la guerre.

 

     Le village fut en effet abîmé une première fois lors de l'arrivée des Allemands qui se heurtèrent à la résistance des Anglais qui allaient se fixer définitivement à quelques centaines de mètres seulement du centre d'Houthem. Le front s'installa ainsi du côté du Gheer, Messines, Wijtschaete, Hollebeke (Golf actuel et Palingbeek) Hill 60 à Zillebeke, Hill 62 etc. Houthem devient ainsi une sorte de zone de 2ème ligne, où se trouvait le terminus du train qui amenait les munitions jusqu'à la gare d'Houthem (au début). On trouvait ainsi à Houthem une station de pompage d'eau (rue de la Marlière) qui alimentait les tranchées en eau courante, un central téléphonique (abri à la Chicane), une infirmerie à la Cortewilde, ...

 

     Dès 1914, une partie des habitants décida de fuir vers la France avant l'arrivée des Allemands. Ils devinrent des "réfugiés" hébergés pour la plupart en Normandie. Ainsi, p.ex. la famille d'un grand-père de ma femme fut accueillie dans une ferme près de Fougères où ils devinrent ouviers agricoles. La famille de sa grand-mère quant à elle s'installa à Rouen où le père devint docker au port de Rouen.

 

     Ceux qui étaient restés cohabitèrent plus ou moins bien avec les occupants jusqu'en 1917, où ils furent obligés de quitter le village à destination du Nord de la Belgique. En effet, les Anglais préparaient leur grande offensive ( avec entre autre l'explosion des mines...). A ce moment, le village fut quasiment rasé par les bombardements incessants.

 

1. La maison de "Jules Gros Lot" à la Cortewilde.

 

Jules Bartier, mon arrière-arrière grand-père, avait fait construire cette maison avec l'argent qu'il avait gagné à la loterie coloniale (100.000 f de l'époque : encore gamin, au café de ses parents, il avait acheté avec son maigre argent de poche le dernier billet au facteur qui cherchait à s'en débarasser pour pouvoir clôturer ses comptes...). Il avait ensuite aussi construit un bloc de trois maisons à l'emplacement actuel de la mienne : 3 mois avant le début de la guerre qui vint tout détruire!

 

On la voit ici au tout début de la guerre, occupée par des Allemands (infirmerie).  En face, ceux-ci avaient installé un cimetière (qui fut supprimé dans les année 50).

 

 

2. Le quartier de la Cortewilde (carte postale allemande)

 

On voit bien la maison de Jules Gros Lot à droite et le cimetière en face. Au fond à droite, près des arbres, le début du chemin de la Caleute et les autres maisons construites par Jules.

 

 

3.  L'entrée du village au début de la guerre (en venant de Comines)

 

On voit bien que le village a subi des dégâts à l'arrivée des Allemands. La brasserie Six a perdu toute sa toiture. L'église aussi est déjà fortement endommagée. Les bâtiments élevés étaient toujours des cibles de choix, car repaires d'observateurs d'artillerie.

 

 

4. L'intérieur de l'église.

 

 Photo inédite.

Elle doit être contemporaine de la précédente car les dégâts sont visiblement identiques : la toiture est fortement endommagée. Et les vitraux présentent les mêmes dégâts que ceux vus de l'extérieur : impact au milieu du vitrail central du choeur, et plusieurs impacts dans le vitrail à droite de celui-ci.

 

De plus, si l'on compare l'intérieur : les piliers et les vitraux, les statues devant le pilier gauche (ste famille) avec l'intérieur de l'église dans l'article précédent du 17/11, on constate la similitude exacte.

 

 

5. L'école du Stromtje.

 

 Durant la guerre, une école avait été installée au lieu dit le Stromtje (l'actuel pont du Stromtje se trouve un peu plus loin que le terrain de foot d'Houthem). Il doit s'agir de l'actuelle maison Van Massenhove, au début du chemin de la ferme Breyne.

L'élève Antoinette Leire est la grand-mère paternelle de mon épouse.

 

 

6. L'entrée du village en 1917.

 

On peut facilement comparer cette photo avec la n°3 prise 3 ans plus tôt. Avec l'offensive anglaise sur Messines, les villages de seconde ligne furent systématiquement pilonnés afin de couper les soldats du front de leurs arrières. Le bombardement dura 8 et jours et 8 nuits sans une seul répit d'une minute, afin d'abrutir les soldats de la première ligne, mais aussi de les couper de leurs arrières afin d'empêcher tout approvisionnement en nourriture et en eau pendant ces 8 jours d'affilée! L'objectif était de faire de ces soldats de véritables zombies totalement hagards, abrutis par le bruit des explosions, assoiffés et affamés...

 

 

7. La place du village.

 

Droit devant la rue de Wijtschaete et à droite la rue d'Ypres vers la Cortewilde. Des deux côtés les ruines des deux cafés.

 

 

8. Les ruines de l'école communale.

 

Photo prise en 1919 d'après l'inscription. On voit que la reconstruction n'a pas encore pu commencer. En effet, il a d'abord fallu débarasser le champ de bataille des cadavres enterrés ci et là, enlever toutes les munitions non explosées, niveler le sol pour faire disparaître les milliers de trous d'obus, et enfin faire venir les géomètres afin d'arpenter la zone pour que chacun puisse récupérer son terrain et reconstruire sa maison. Nombreuses furent les familles qui ne revinrent jamais : après 7 ans d'exil pour certaines, elles avaient refait leur vie ailleurs, des jeunes partis à 14/15 ans s'étaient mariés là-bas, etc.

Quand mon grand-père revint avec sa famille début 1920, descendus du train au terminus à Comines, ils retrouvèrent leur "chez-eux" : leur terrain entouré de 4 piquets et une corde. Il fallait tout recommencer... 

 

 

9. L'église au début et à la fin de la guerre.

 

 

 

 

10. La reconstruction.

 

 La reconstruction se fit progressivement, en fonction du budget, des dommages de guerre, mais aussi des capacités des constructeurs. Ce fut une sorte d'âge d'or : chaque dimanche soir, des trains entiers de maçons arrivaient à Comines, les chantiers grouillaient, les cafetiers firent fortune...De nouveaux arrivants rachetèrent les terrains inoccupés et peu à peu, la vie reprit son cours...

La photo montre l'installation de la famille Alphonse Clarebout, d'abord dans un ancien abri comme il y en avait tant et ensuite une première construction provisoire en bois.

 

 

 

 



02/02/2013
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