Le Monde vu de la Cortewilde

     On a découvert récemment dans la presse un "classement socio-économique" des écoles, publié par la fédération Wallonie-Bruxelles, et qui veut mettre en évidence les écoles "favorisées et défavorisées", donc celles qui méritent un petit coup de pouce en termes de subsides pour pallier leur désavantage supposé.

      La Fédération W-B a donc établi un classement des écoles selon des "points" attribués en fonction de plusieurs critères. Classement sur 20 au niveau des provinces, et sur 10 au niveau des zones. Ainsi, pour Mouscron-Comines, a-t-on obtenu le classement suivant :

(tableau Nord-Eclair)

     Malheureusement, ce tableau suscite déjà pas mal de commentaires erronés. Et les mots TOP et FLOP en vert et en rouge n'y sont pas pour rien! Certains y voient en effet (à tort) un classement des écoles selon la qualité de leur enseignement, ce qui est totalement à côté de la plaque. Même si St-Henri Comines fait 8/10 et les ex St-Joseph/Notre-Dame 6/10, cela ne veut pas dire que l'enseignement est meilleur chez le premier. Malheureusement certains lecteurs  se limitent à regarder le tableau sans en lire les explications

     En effet, il s'agit uniquement d'un classement "socio-économique" qui veut repérer les écoles où le public est censé être défavorisé pour des raisons économiques et sociales. Ceci afin d'y remédier en leur apportant une aide supplémentaire (en subsides) pour combler le fossé éventuel.

     Et voici précisément les critères "objectifs" qui ont été pris en compte pour établir ce classement :

1° le revenu par habitant :

    Or on sait que le revenu moyen à Comines est parmi les plus bas de Wallonie, ce qui fait qu'aucune école n'aura jamais 10/10 : même les plus riches des Cominois sont encore des "pauvres" par rapport aux plus riches des Belges...

2° le niveau de diplôme : 

    On croit savoir que le niveau de diplôme des parents a une influence sur la réussite des enfants (d'après mon expérience d'enseignant, ça reste encore à prouver chez certains!...)

3° La proportion de chômeurs et d'actifs dans la zone :

     Les enfants des chômeurs auraient moins d'accès à la culture (?)...

4° Le confort des logements :

     Un logement exigu favoriserait le décrochage scolaire : c'est vrai qu'un enfant qui a sa chambre individuelle avec un bureau a plus de facilités que 4 enfants qui doivent faire leurs devoirs ensemble sur la table de la cuisine avec la télé allumée qui diffuse le feuilleton préféré de la mère...

     Voilà donc les critères "objectifs" sur lesquels est basé le classement. C'est peut-être vrai pour la majorité des cas mais j'ai quand même connu pas mal d'exceptions dans les 2 sens : des fils à papa "blindés de tunes", avec tous les moyens culturels à disposition, mais qui sont restés des cancres invétérés (à cause même parfois de cette aisance...). Et de l'autre côté, des élèves véritablement socialement défavorisés mais dont le courage et la volonté d'apprendre ont réussi à soulever des montagnes...

    Conclusion :

     Un classement dont il ne faut tirer aucune conclusion "qualitative". Sans vouloir juger aucunement, je dirai qu'on n'est pas forcément mieux formé à St-Henri Comines qu'au Collège de la Lys (ex N-Dame et St-Jo) parce que le premier fait 8/10 et le second 6/10 au niveau socio-économique. 

     Et un enfant de riches parents universitaires actifs, qui a son propre bureau avec une belle bibliothèque, ne réussira pas forcément mieux que le fils d'un chômeur qui partage sa chambre avec son frère. C'est avant tout une question de volonté et de travail, et là, le "socio-économique" n'aidera pas!...