Le Monde vu de la Cortewilde

     Depuis une dizaine de jour, affiché sur la porte d'entrée d'un magasin d'Houthem, un mot griffonné à la hâte avertissait les clients : "Fermeture définitive le 20 juillet".

     En effet, à la suite d'un contrôle de l'AFSCA ( Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire ), Tracy et Jeff ont décidé de fermer définitivement les portes de leur petite boulangerie-pâtisserie/épicerie "Au p'tit pétrin d'Houthem" qu'ils avaient pourtant reprise il y a peu de temps au grand soulagement de nombreux Houthémois.

     Motif : les  exigences de l'organisme pour répondre aux normes actuelles sont beaucoup trop coûteuses pour le budget de ces jeunes commerçants qui venaient de se lancer dans ce métier exigeant avec beaucoup d'optimisme et de courage. Et du courage, il en faut de nos jours pour entreprendre un commerce. Et si les difficultés fiscales de la reprise d'un magasin ne leur avaient pas fait peur, il a fallu que ce soient les exigences rigoureuses de l'AFSCA qui viennent déclencher le couperet de la guillotine, avec la désillusion et le découragement que l'on peut bien imaginer.

     Bien sûr, la réglementation sur la sécurité alimentaire existe et les contrôles sont indispensables quand on constate parfois à la télé le non respect des règles essentielles d'hygiène, dans certains restaurants ou snacks par exemple, où la santé du consommateur est gravement mise en danger.

     La loi doit s'appliquer à tous, c'est évident, mais on ne peut que regretter parfois sa sévérité un peu aveugle quand elle atteint des petits commerçants de bonne volonté qui comprennent les problèmes, qui voudraient bien se mettre aux normes mais qui en sont incapables financièrement. Les frais exigés sont en effet souvent démesurés par rapport au chiffre d'affaire d'un petit magasin de proximité.

     Pour les personnes concernées ici, cette fermeture forcée est évidemment un drame personnel, une perte financière mais aussi la fin d'un rêve.

     Mais au-delà, un magasin qui ferme dans un petit village comme Houthem, c'est encore un peu plus la mort de son âme. Un des rares endroits où les habitants du village avaient encore l'occasion de se dire bonjour en direct, la disparition aussi pour les nombreuses personnes âgées locales d'un magasin de proximité où elles pouvaient encore trouver sur place leur pain et quelques autres denrées...

      Houthem est ainsi devenu encore un peu plus un de ces "villages-dortoirs" d'où a disparu toute vie locale.