Le Monde vu de la Cortewilde

Le Monde vu de la Cortewilde

Romeo et Juliette, version Puy-St-Pierre

 

Dans le Briançonnais, 3 mariages ont fait parler d’eux cette année : celui de Kate et William à Londres, celui de Charlène et Albert à Monaco, et, surtout, celui de Sandrine et de Marcel à Puy Saint-Pierre ? Quoi ? Vous ne connaissez pas ces deux derniers, alors vous êtes en retard sur les derniers potins du Gotha !

Marcel est un marginal. « Habitué à côtoyer les extra-terrestres » comme il se plaît à le raconter aux Briançonnais. Un marginal, c’est peu dire. Un « crétin des Alpes » ? Il y a un peu de cela. Habillé de haillons qui n’ont jamais connu la poudre à lessiver, ni lui le savon , il est un « crasseux » au sens propre, recouvert de cette couche de saleté incrustée qui le protège même des piqûres de guêpes. Il ignore l’existence du coiffeur et du dentiste et vit sans eau courante ni électricité. Il est agriculteur à la retraite, et son bétail n’est pas plus reluisant ! A la fin de l’hiver dernier, la SPA a dû intervenir car l’énergumène avait laissé ses vaches passer tout l’hiver en étable sans jamais nettoyer leur litière. On les a découvertes pataugeant dans un mètres de bouse, certaines même figées dans la  bouse séchée, incapables d’aller encore se nourrir, squelettiques.

Mais il est riche, très très riche ! Et seul, sans plus aucune famille, donc sans héritier… Il possède, à Serre-Chevalier, la station de ski la plus huppée des Hautes-Alpes, de nombreux terrains qui intéressent au plus haut point les grands promoteurs immobiliers, même étrangers. D’immenses terrains qui valent de l’or en plein milieu de la station, mais qu’il a toujours refusé obstinément de vendre, même à prix d’or.

Et puis est arrivée Sandrine…

Sandrine est agent immobilier à Paris, où elle vit, dans le 12ème arrondissement. La première fois qu’elle est venue à Puy-St-Pierre, c’était pour lui acheter ses terrains de Serre-Chevalier. Bien sûr il a dit non. Elle est revenue plusieurs fois à la charge, essuyant chaque fois le même échec. Et puis, dans le village, des rumeurs de mariage ont commencé à courir, en riant bien fort, comme si c’était le gros canular de l’année, « la Bête et la Belle ».

Mais quand les bans ont été publiés à la mairie, il a bien fallu cesser de rire. Et les villageois se sont inquiétés. Ca sentait pour eux l’arnaque à plein nez, la poule aux œufs d’or déplumée. On  reprochait à Sandrine des sentiments fallacieux envers Marcel pour mieux récupérer l’important patrimoine foncier dont jouit le barbon inconscient de sa richesse. Elle se défendait en arguant du miracle de l’amour. Marcel lui-même n’a jamais contesté sa volonté d’épouser Sandrine. Mais le maire lui-même, méfiant, a demandé une enquête préalable et a reçu toutes les autorisations nécessaires : il n’y a aucune raison juridique d’annuler ce mariage, Marcel n’est frappé d’aucune mesure de protection !

Et le mariage s’est déroulé ce week-end à Puy-St-Pierre, l’union a été prononcée sous les huées du public, qui a chahuté durant toute la cérémonie. Et à la sortie, pas de volée de grains de riz, mais une nuées de noms d’oiseaux…

Epilogue : le lendemain, on a retrouvé Sandrine et Marcel en lune de miel à Paris, faisant le tour des boîtes branchées. Le beau Marcel, toujours aussi ébouriffé et édenté, portait un jean griffé, un T-shirt blanc assorti du dernier pin’s à la mode de la jet-set parisienne, sous une veste noire des plus « classe ».

Et depuis, à Puy-St-Pierre, les discussions houleuses vont bon train entre ceux qui hurlent à l’arnaque et ceux qui crient à la liberté d’aimer…



13/09/2011
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