Le Monde vu de la Cortewilde

     La Cortewilde a longtemps été un quartier campagnard, et je dirais même agricole. Le royaume des culs-terreux dont je suis un fier descendant!

     Mais aujourd'hui, nous sommes peu à peu envahis par les gens de la ville, qui prônent le retour à la campagne, mais qui n'apprécient pas le chant matinal du coq, l'odeur si délicate du fumier et du lisier généreusement épandus sur la terre nourricière pour la rendre plus féconde. Et que dire de la fiente des gallinacés du terroir, dont les miasmes ammoniaqués pénètrent jusqu'au plus profond des poumons rachitiques des citadins pour redonner du tonus à leur plèvre ankylosée...

     Et jusqu'il y a peu, chez nous, le travail de la terre se faisait encore à l'ancienne, comme nos aïeux l'avaient appris de leurs ancêtres, et comme nous comptions en transmettre les pratiques à nos enfants et à leurs descendants...

     Malheureusement, les gens de la ville sont venus tout gâcher, ils ont commencé à nous regarder travailler pour gagner nos légumes à la sueur de notre front, et, tels le Glaude et le Bombé de "La Soupe aux Choux", nous étions devenus des bêtes de foire, des attractions, des "monstres" au sens originel du terme...

     Alors, après maintes tergiversations et mûres réflexions, nous nous sommes résignés à nous adapter au progrès, et nous avons entamé une grande révolution technologique. La machine a remplacé l'homme qui était devenu bête sous le joug de la femme!

     Et je suis fier de vous montrer le résultat de cette révolution : l'homme écrasé sous le bât, avili, déshumanisé par son maître tel Sysiphe par les Dieux, l'homme est redevenu le maître qui conduit la machine à sa guise, qui domine les 6 chevaux de son attelage, dans un travail qui le grandit et lui fait prendre conscience de sa toute-puissance grâce à la technologie, fruit de son intelligence. Amen.

L'esclave :

Le maître :