Le Monde vu de la Cortewilde

     Le verdict du procès est tombé. Je ne donnerai donc pas mon opinion personnelle puisque la Justice a tranché. Il faut accepter se décision et la respecter!

     Et pourtant quand je lis certaines (et nombreuses) réactions sur Facebook et autres blogs d'actualité, je n'ai pas du tout l'impression que ce soit le cas de beaucoup de monde...

     En effet, je lis de nombreux commentaires empreints de colère et même de mépris pour la Justice. On en revient ainsi à demander la peine de mort, à le "laisser crever en prison", à déménager s'il revient au Bizet...

     Je peux (un peu) comprendre la colère de certains et la mettre sur le compte de la passion, qui est toujours mauvaise conseillère, mais je ne peux accepter que l'on accuse la "Justice" de tous les crimes. Et d'autant plus quand il s'agit d'un procès d'Assises.

     En effet, la décision finale a été prise par des gens comme vous et moi, les "jurés", de simple citoyens appelé par le sort à décider de la culpabilité et du destin d'un homme comme eux. Des gens à qui on a demandé l'objectivité la plus totale (de ne pas regarder la télé ou lire les journaux, de ne pas rentrer dormir chez eux pour ne pas se laisser influencer).

     Au contraire des gens de la rue, et plus particulièrement des gens du Bizet par la force des choses, qui se laissent eux guider par la fameuse "passion" dont je parlais plus haut. Des gens qui ont connu le petit Younes et sa maman, des parents dont les enfants étaient dans la même classe que la pauvre victime, des voisins, des copains de comptoir... Tous ces gens ne peuvent pas avoir une vision neutre, objective des choses, et je ne le leur reproche pas, ils étaient trop près des protagonistes. De plus, les discussions d'internet ou de comptoir ont le don d'exacerber les prises de position.

     Mais ce n'est pour cela qu'ils doivent se donner le droit d'accuser "la Justice" d'avoir mal fait son travail, car, je le répète, parler de "la Justice", c'est mettre un voile sur le fait que derrière elle il y a des gens comme vous et moi. Et je dis que, sous l'emprise d'une violente colère et de l'alcool, n'importe qui, même l'homme le plus doux, serait capable de tuer, là dans l'instant de la crise irrépressible. Même sous l'emprise de l'alcool seul, dans un délire éthylique, certaines personnes deviennent des bêtes sauvages. Qui ne s'est jamais réveillé un lendemain de cuite en ne se souvenant plus de quelques heures où tout a été possible?

     Les jurés ont accompli leur devoir "en leur âme et conscience", j'en suis certain, mais comme de simples humains qu'ils sont : avec (l'éventuelle) imperfection qui est l'essence de l'homme.

     Et si l'on avait eu comme jurés des gens du Bizet, là on peut dire que l'on serait revenu à l'époque du Far West : un procès minute dans un café et ensuite pendu à un arbre. Mais est-ce cela la Justice avec un grand J ?