Le Monde vu de la Cortewilde

    En cette période où le gouvernement est encore une fois à la recherche d'économies pour boucler le budget 2012, le monstre du Loch Ness de l'économie belge refait surface : l'indexation des salaires.

    En effet, cette ajustage automatique des salaires sur le coût de la vie est encore une fois accusé de tous les maux. Cette hausse des coûts salariaux serait, selon les chefs d'entreprises et les partis de droite, une des causes principales du manque de compétitivité de nos entreprises.

    Je crois que c'est une explication un peu hâtive et injuste des choses. En effet, l'indexation des salaires, leur hausse donc, intervient toujours "a posteriori" : après que les prix aient déjà été augmentés par les entreprises pour d'autres raisons, cela me semble évident. Ce n'est qu'un juste rattrapage qui empêche les travaileurs de s'appauvrir, qui les oblige à consommer moins, et qui provoque donc une baisse de la production, et en avant pour le cercle vicieux...

    Et je crois que les hausses des prix de l'énergie, des transports, des matières premières, etc. sont les raisons principales des problèmes des patrons, qui essaient dès lors de raboter les salaires... c'est l'effet domino dans toute sa splendeur.

    Mais même si je suis un fervent défenseur de l'adaptation des salaires aux prix des biens de consommation, je crois pourtant que n'index tel que nous le connaissons n'est pas la solution et idéale, qu'il produit des effets pervers, et qu'il serait donc nécessaire de rechercher une amélioration, afin de le rendre plus juste et en même temps plus acceptable par tous les partis en présence.

    Le plus gros effet pervers selon moi, c'est que l'index contribue à accentuer toujours plus la différence entre les riches et les pauvres, par le fait qu'il est identique pour tous. Quand l'index pivot est atteint et que tous les salaires augmentent de 2%, le Belge qui gagne le moins, 1320€mois (voir tableau) est augmenté de 26,40 € (total 1346,40€). Par contre, celui qui gagne le double, 2640€ va toucher lui 52,80€ de plus (total 2692,80). Du coup la différence entre les deux n'est plus de 1320€ mais bien de 1346,40€. Le fossé s'est donc creusé entre les deux, et en plus, c'est le plus pauvre des deux qui aurait eu le plus besoin de l'augmentation la plus importante! Ce n'est donc pas très juste! 

    Dans un forum sur le sujet, un participant proposait plutôt de calculer l'indexation du salaire médian (voir tableau) et de donner ce même montant à tout le monde : augmentation identique pour tous les travailleurs!L'idée semble valable et en tout cas plus équitable. Cependant, ici aussi il y a un problème, c'est que les patrons des travailleurs aux bas salaires seront lésés par rapport à ceux qui paient des salaires très élevés. Et c'est souvent dans les entreprises de production, à beaucoup de main-d'oeuvre, que les marges des patrons sont les plus petites. C'est donc à eux que l'index actuel ferait encore plus mal... On ne fait donc que déplacer l'injustice!...

    On constate donc que toute modification de l'index est très délicate à opérer et qu'une nouvelle mouture n'est pas pour un futur très proche. Il faut cependant espérer qu'entretemps, l'indexation des salaires ne sera pas passée à la trappe sous prétexte que la Belgique est le seul pays à l'appliquer. Ce n'est pas une raison pour dire que nous sommes dans l'erreur parce que nous sommes les seuls. Bien au contraire, dans cette Europe divisée où les entreprises profitent des différences de lois sociales pour délocaliser vers les pays les moins favorables aux travailleurs, la solution ne peut provenir que d'une harmonisation sociale en la tirant vers le haut!

     Prenons l'exemple du meilleur plutôt que du pire!

    J'aimerais beaucoup avoir d'autres avis ou propositions éclairées!

ANNEXE : Salaire MOYEN / MEDIAN

-Le salaire MOYEN est calculé en faisant la moyenne artithmétique de tous les salaires belges. Il est plus élevé que le médian car quelques très très hauts salaires tirent la moyenne vers le haut.

-Le salaire MEDIAN est plus réalistes : 50% des salaires sont inférieurs et 50% supérieurs ( comme si on empilait toutes les déclarations d'impôts et qu'on prenait celle du milieu de la pile...).