Le Monde vu de la Cortewilde

Le Monde vu de la Cortewilde

Nous sommes tous des réfugiés!...

On reparle des demandeurs d’asile en Belgique. En effet, leur nombre augmente toujours
plus, et il devient impossible et inhumain de maintenir ces gens dans des
centres d’accueil (de détention ?).

 

En effet, avec les événements qui ont frappé la Tunisie, la Lybie…, les demandeurs
arrivent toujours plus nombreux, nous avons encouragé ces peuples à se battre
contre la tyrannie, mais certains sont aujourd’hui en danger de mort dans leur
pays, on ne peut donc pas les y renvoyer. Les garder dans des centres fermés
est injuste et inhumain : ils n’ont commis aucun crime pour devoir rester
enfermés. Alors, les services compétents essaient maintenant de les disperser
dans les communes, par le biais des CPAS.

 

    Sur ce sujet, j’ai lu qu’à Mouscron, ils étaient déjà au nombre de 8, et que la ville s’apprêtait
à en recevoir 12 de plus. Le responsable du CPAS affirmait même qu’une ville
comme Mouscron pourrait facilement en accueillir encore 20  de plus. Et je trouve cela très noble !

 

J’entends pourtant déjà les grincheux de service pester « contre ces étrangers qui n’ont qu’à
se débrouiller chez eux, qu’on a déjà assez avec notre propre misère, qu’ils ne
parlent pas notre langue, etc. », vous connaissez les rengaines aussi bien que moi…

Encore une fois, et vous commencez à savoir que ce sont ceux que je déteste le plus, nous
avons affaire à ceux qui parlent (qui gueulent) avant de réfléchir.

     Alors, réfléchissons un peu : ….

 

    1914. Les Allemands arrivent à Comines, après avoir semé le feu et le sang dans toute la
Belgique, Louvain, Tournai… incendiées, les avant-gardes Uhlans semant la
terreur en attrapant les bébés au bout de leur lance…

 

La majorité des Cominois décident à juste titre de fuir avant leur arrivée, c’est la panique, ils
abandonnent tout derrière eux et s’enfuient vers la seule issue : la France. La France aussi est en guerre et en mauvaise posture en ce début de guerre où l’armée recule partout. Ces Belges qui inondent les routes, il faut bien en faire quelque chose, impossible de les renvoyer chez eux, il y a le
front entre deux, infranchissable !

 

Alors on décide de les disperser (comme nos fameux demandeurs d’asile). J’ai deux
exemples. La grand-mère de ma femme a 5 ans en 1914, ses parents et leurs 5 enfants, sans aucun
bagage, échouent à Rouen. Là, son père va trouver du travail dans le port,
comme docker. Vous direz « mais ils sont Belges, ce n’est pas comme des
Tunisiens ! » Oui mais ils sont flamand, et la barrière des langues
est difficile pour s’intégrer : au travail, à l’école…

 

Le grand-père de ma femme est aussi d’ici. Il a 10 ans et sa famille arrive, sans
rien, dans une ferme du Calvados. Comme son père, il sera garçon de ferme
pendant toutes ces années noires…

 

    Mon grand-père Jérôme Bartier, lui aussi Houthémois, est plus âgé : il est
déjà depuis 2 ans sous les drapeaux quand la guerre  éclate, il aura donc vécu cette guerre de
l’intérieur (ce sera l’objet d’un prochain article).

 

    Mes autres grands-parents n’étaient pas Cominois, mais tous ont vécu cette guerre comme
une horreur, chacun à leur manière. Ma grand-mère des Hautes-Alpes a vécu le
village sans les hommes, le travail au champ des mamans, le séjour des troupes
françaises d’outre-mer (les « tirailleurs Sénégalais ») qu'il fallait héberger, elle a vu
son père revenir comme un autre homme, sa petite sœur, née au tout début de la
guerre, a vu, à 6 ans, arriver son père comme un monsieur inconnu…

 

    La leçon à tirer de tout cela, c’est que nous sommes tous, un jour ou l’autre, les
réfugiés quelque part venant d’ ailleurs. Imaginez si à l’époque tous les
Français avaient dit à NOS familles : « Barrez-vous, on en a déjà
assez avec nos problèmes ! C’est la guerre pour tout le monde. Allez,
du balai !». En effet c’était la guerre aussi pour eux, ils n’avaient
peut-être que juste de quoi survivre pour eux-mêmes. Et là en plus, ce sont des
simples familles, comme la vôtre ou la mienne, qui ont accueilli vos
grands-parents chez eux. Pas des centres de rétention, des simples gens. Combien de familles
cominoises seraient prêtes à accueillir aujourd’hui une famille complète de 5
ou 6 personnes pour 7 ans, car n’oublions pas que les Cominois n’ont pu revenir
chez eux que vers 1920 !

 

    Alors je crois que dans notre région, refuser les réfugiés, même à petite dose, serait
faire honte à notre passé et à nos familles d’il y a moins d’un siècle… Nous avons une tradition d'accueil à préserver!



09/11/2011
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