Le Monde vu de la Cortewilde

1. 1.       J’ai toujours été fasciné par le grand appétit de la poule. On peut même parler ici de « gloutonnerie », c’est de la gourmandise au carré du cube…
   Chaque jour de sa vie, du lever au coucher du soleil, elle reste tête baissée à rechercher de quoi picorer, sans pause et sans fatigue.
   Sa vie sentimentale et sociale est réduite à quasiment rien. Même quand le coq  l’honore, elle continue à picorer sans manifester de l’intérêt ou du plaisir.
   Ses compagnes n’existent pour elle que lorsqu’elle aperçoit une congénère un ver au bec. Il s’agit alors de le lui subtiliser, « struggle for life » exige !
   Mais quand je constate ”a posteriori“ que le poule est capable de produire un œuf par jour, je me dis que cette gloutonnerie n’est pas un hasard. Elle a été soigneusement programmée par le Grand Démiurge pour pourvoir à notre alimentation quotidienne. Elle accomplit ainsi  son Destin en contribuant au nôtre. Que la Création est belle ! (et ici je ne plaisante pas !).
   Et j’en viens à admirer cette rage de picorer, à première vue idiote, telle un Don Divin que le Créateur a fait à la poule, dans son dessein de progrès de l’Humanité.
   Par contre, et cela ne peut être que le fruit de sa Parfaite Volonté, chez l’homme il en a fait un des pires défauts, un des 7 Péchés Capitaux, qui nous envoie illico dans la Satanique Rôtisserie.

En effet, quand on voit ce qu’est capable de produire un glouton humain performant et entraîné, cela se limite à quelques rots sonores et nauséabonds, et à une défécation surabondante  toute aussi génératrice de miasmes morbides que les exhalaisons orales.
Et, sommet du Péché Mortel, certains mécréants élèvent la gloutonnerie en sport de compétition sacrilège : championnat du mangeur de fricadelles ou de hot-dogs, engloutisseurs de hamburgers, … les rots nauséabonds et les tsunamis excrémentiels ont encore de beaux jours devant eux. Et, probablement que c’est Satan qui est à la cuisine !