Le Monde vu de la Cortewilde

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12/10 : "Elections : manque d'emplois qualifiés à Comines"

A quelques jours des élections, j'aimerais revenir sur un sujet de débat qui, selon moi, n'a pas été abordé au niveau de sa véritable importance, c'est l'EMPLOI. Il a toujours été évoqué un peu à la va-vite, parmi d'autres futilités comme le passage de la balayeuse, les pompiers professionnels impayables, la journée porte ouverte pour les clubs sportifs ou les restes d'abris de la guerre de 14, bref le verbiage rase-moquette de nos politiciens indigènes.

 

Non, ce problème ne fait pas partie de ces futilités. C'est le véritable, le principal défi du 21è siècle, à côté duquel tout le reste n'est qu'enfantillages!

 

Sans travail, le bonheur de l'homme me paraît incomplet. C'est pourquoi j'aimerais apporter ici ma réflexion personnelle, et je vous prie par avance de me pardonner si je suis un peu long...

 

La crise actuelle de l'emploi est profonde et globale, elle ne se limite pas à Comines. Alors, toutes les énergies doivent se concentrer pour amener le plus possible d'emplois dans notre ville. Et ce serait indigne et suicidaire que les partis se disputent sur ce sujet! Tous les emplois sont bons à prendre
aujourd'hui, et je refuse que l'on fasse la différence entre métiers qualifiés ou non. Et je ne crois pas qu'accepter des entreprises à métiers manuels soit un gaspillage de surface dans les zonings. Seule limite bien sûr : limiter les "entrepôts" vaste et déserts!

 

Les emplois qualifiés et diplômés.

 

J'ai entendu plusieurs fois le reproche qu'il n'y a pas suffisamment d'emplois qualifiés à Comines et sans doute est-ce vrai. Mais cette situation nécessite quelques mises au point.

 

Tout d'abord, et je l'ai écrit dans mon précédent article, il est peu probable que des entreprises de haute technologie vienne nt s'installer à Comines. Elles préféreront toujours les grands centre urbains névralgiques dotés d'enseignement supérieur ou de recherche. Dans un commentaire à propos de mon article sur l'enseignement local, un Cominois travaillant dans une société d'informatique confirmait cette priorité dans leur choix (Courtrai ou Tournai), mais aussi la concurrence irrépressible des sociétés implantées autour de Lille et nettement moins chères. Il mettait aussi le doigt sur le manque de motivation de nos jeunes pour les études informatiques, « trop dures » à leur goût. Il faut donc que nos jeunes acceptent ce déplacement, qui n'est quand même pas une expatriation.

 

Et voilà le premier reproche que j'adresse aux jeunes Cominois : le manque de mobilité : tout semble toujours trop loin : aller faire des études supérieures à Tournai semblait une torture à certains de mes élèves. Sortir de Comines pour aller exercer un job qui n'existera jamais sur place  ne doit pas être un mur infranchissable. Je vois chaque matin et chaque soir des trains bondés de navetteurs qui vont travailler à Bruxelles ou ailleurs : fonctionnaires fédéraux, personnel des agences centrales bancaires, des compagnies d’assurances,  avocats de sociétés... Un de me voisins est patron d'une centrale à béton à Anvers et il revient quasi chaque soir à Houthem. Tout le monde ne se plaint pas de la même chose.

 

Et quand on dit qu'il n'y a pas d'emplois qualifiés à Comines, je tiens à préciser que la plus grande source d'emplois qualifiés et diplômés à Comines est l'enseignement. Et là aussi les enseignants  Cominois ne sont pas suffisants. Je connais plusieurs dizaines de professeurs qui viennent chaque jour de Mouscron, mais certains de plus loin encore : Mons, Ath, et même de France! Une société
spécialisée en informatique, biochimie, mécanique... connaîtrait exactement la même pénurie!...

 

C’est quoi, un emploi qualifié ?

 

       Trop de jeunes encore confondent emplois qualifiés et diplômes de l’enseignement universitaire ou supérieur traditionnel. Mais le futur aujourd’hui, je l’ai déjà dit, ce sont les emplois technologiques et industriels, qui nécessitent tous une grande qualification, mais pas seulement de l’enseignement supérieur.

 

       Et ce serait une insulte aux entreprises cominoises de dire qu’elles n’emploient que des travailleurs manuels non qualifiés. Des entreprises comme Clarebout P., Poppies, Italo-Suisse… ont toutes  des laboratoires de recherche de nouveaux produits ou de contrôle de qualité, des commerciaux multilingues, des ingénieurs, des techniciens de maintenance : tous ces braves gens sont hautement qualifiés et/ou diplômés. Socomaille a une équipe spécialisé en recherche de textiles futuristes qui a une renommée internationale, et fabrique des produits ultrasophistiqués p.ex. pour l’industrie automobile (Renault, VW…), l’isolation thermique, la plongée sous-marine… Chez Beaulieu, c’est la même chose…

 

     L’entreprise Ceratec, qui a acquis une notoriété mondiale en électricité, automation et robotique, occupe plus de 400 ingénieurs et techniciens, dont 75  au bureau d’études : ingénieurs, informaticiens, dessinateurs industriels en DAO… . Tous hautement qualifiés. Même chose pour le personnel de terrain : tous ont au moins une formation de l’enseignement secondaire
technique  (automaticien en électricité ou mécanique) qui, je le répète encore une fois, n’est pas un enseignement de deuxième classe
. Ils sont tous spécialisés en installation de machines de production qui ont été conçues et fabriquées sur place, à Comines, par des ingénieurs et des techniciens de Comines quand il y a suffisamment de diplômés à Comines ! Et ce n’est pas toujours le cas. C’est à Comines qu’on crée les « robots » qui travaillent un peu partout dans le monde. Ce sont des techniciens hautement qualifiés cominois (quand il y en a) qui vont chaque
jour, en Belgique, en France ou ailleurs, installer la domotique des habitations privées, l’électricité des nouvelles usines, les systèmes de sécurité et d’alarme des centres commerciaux ou des entreprises, et j’oublie des dizaines d’application.

 

 Et une fois de plus je le répète, ce serait une insulte de dire qu’il n’ya pas d’emplois qualifiés à Comines. Il n’y a peut-être pas les emplois désuets devenus inutiles.

 

En conclusion, pour moi, c’est l’ignorance qui parle chez certains jeunes, la méconnaissance des véritables emplois du 21è siècle, et aussi malheureusement chez certains le mépris pour l’enseignement technique. Et les politiciens ne doivent pas en profiter pour faire de fausses promesses : certains secteurs ne viendront jamais à Comines, il faut savoir l’admettre. Et pour certaines professions ultra-spécialisées, il faudra toujours accepter de se déplacer, comme il le faudra toujours pour se faire soigner à l’hôpital, aller au contrôle technique avec sa voiture, faire des études supérieures, ou partir en vacances !

 

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12/10/2012
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