Le Monde vu de la Cortewilde

        Une photo intéressante et bien de circonstance que je publie aujourd'hui grâce à mon amie Monique Dujardin.

     Et doublement de circonstance puisqu'il s'agit de la période de Noël que nous allons fêter dès demain soir, mais aussi parce que l'on célèbre actuellement les fraternisations de soldats britanniques et allemands qui eurent lieu non loin d'ici.

     Nous ne sommes pas ici en 1914 dans les tranchées de St-Yvon, mais bien à Noël 1915 dans la Kommandantur établie à la Cortewilde, au coin de la rue de la Cortewilde et de la Chicane (à l'époque rue d'Ypres et de Zandvoorde), au café "Le Pigeon Bleu" de x ROOM, qui avait été réquisitionné comme plusieurs autres bâtiments du quartier (voir photos ci-dessous).

     On y découvre plusieurs officiers, probablement le soir du réveillon, l'écriteau sur la table indique "Weinachten 1915 in Kortewilden" ("Noël 1915 à la Cortewilde"). Un arbre de Noël joliment décoré, et même avec luxe puisqu'il y a des ampoules électriques! La table est encombrée de cadeaux divers : on distingue  des cartes de vœux et d'autres objets parmi lesquels des pommes qui devaient sans aucun doute changer de l'ordinaire dans le secteur proche des tranchées, certains militaires ont un cadeau entre les mains. La Cortewilde servait d'endroit de repos pour les troupes engagées dans le secteur d'Hollebeke (Palingbeek) et surtout au terrible Hill 60.

     Les officiers ont pris la pose pour la photographie, mais j'ai l'impression en les observant qu'ils ont le regard ailleurs : sans doute en ce soir de Noël ont-ils la nostalgie du pays et le regret de ne pouvoir être auprès de leurs familles. Déjà que les belligérants des deux camps avaient espéré être rentrés chez eux à Noël 1914... un an plus tard la douleur devait être plus grande encore. Mais dans leur Kommandantur bien chauffée et avec tous ces cadeaux, ces officiers étaient sans doute bien mieux lotis que la troupe qui grelottait en cette nuit de Noël dans les tranchées boueuses. Plus question de football avec les Anglais cette fois-ci : l'autorité militaire avait veillé rigoureusement (et dans les deux camps!) à empêcher toute nouvelle initiative de ce genre!...

Voici la même Kommandantur vue de l'extérieur :

Vue du quartier en arrivant du centre d'Houthem :

   On distingue la porte de la Kommandantur à droite au carrefour (c'était le café "Le Pigeon Bleu"). La grande bâtisse en face, notée "offic. kasino" était le "Café chez Jules Gros Lot", de mon arrière-arrière grand-père Jules Bartier. Et juste avant lui le "Café de la Cortewilde" d'Isidore Verbeke.

( pour voir l'article "Les cafés d'Houthem en 1914", cliquez ici )

D'autres photos d'Houthem en 1914 ICI et ICI.