Le Monde vu de la Cortewilde

     Cet après-midi, je suis allé voir l'exposition de photos aériennes de Martial de Campenaere. En effet, les organisateurs de la Fête des Agriculteurs de Comines-Warneton lui avaient proposé d'afficher ses photos à l'occasion de leur repas à la salle des sports d'Houthem.

     Et ainsi, suspendu sous son aile motorisée, Martial passe de longues heures à arpenter le ciel de notre belle région cominoise, à l'affût d'un cliché inattendu.

    Et le résultat est "à la hauteur", c'est le cas de le dire. Vues du ciel, les choses que nous côtoyons  tous les jours et qui nous semblent d'une banalité consternante deviennent de véritables petites oeuvres d'art.

     Et c'est surtout dans le travail des agriculteurs que l'impression est la plus saisissante : le va-et-vient incessant et monotone d'un tracteur transforme un champ en un spectacle changeant de couleurs et de formes, comme celles d'un tableau, qu'il soit cubiste ou impressionniste. En effet, nous apercevons des formes très carrées, striées de lignes de force rectilignes, mais le même endroit, vu à des heures ou selon des angles variés, crée plusieurs tableaux différents, dans le plus pur effet de l'impressionnisme pictural.

    Ainsi, je me suis dit  qu'une fois que l'homme s'élève au-dessus de la matérialité et de la banalité des choses, et qu'il les regarde de là-haut, avec un oeil nouveau, celui du Poète, il découvre, comme disait Baudelaire, les fameuses "Correspondances" par lesquels la Nature nous parle et nous permet d'accéder à l'essence des choses, au Monde supérieur.

    Et toujours en plagiant Baudelaire et son Poète, il m'est venu, durant l'exposition, l'envie de comparer l'homme-volant à "l'Albatros, le prince des nuées, qui hante la tempête et se rit de l'archer..."

    Et, comme le Poète, il a la sensation d'être un élu...

    Il en a de la chance!