Le Monde vu de la Cortewilde

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22/3/20 : Pourquoi les peuples aiment-ils les dictateurs?...

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Je viens de lire à la suite trois romans qui traitent plus ou moins du même sujet : Hitler, le nazisme et la dictature en général.

 

Et ils sont intéressants à raprocher car tout en ayant ce point commun, ils le traitent dans des registres bien différents : tragique, humoristique...

 

Alors allons-y...

 

1. "Le Schmock" de Franz-Olivier GISBERT.

 

 

 

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L'histoire en quelques mots

 

L'arrivée au pouvoir d'Hitler et de la dictature nazie, la barbarie de l'antisémitisme et de la Shoah à travers l'histoire de deux familles allemandes, les Gottshal, Allemands "conformes" et les Weinberger, juifs "athées". Familles très unies : les deux pères dirigent en commun une entreprise au service de l'Etat et le deux fils, grands amis, étudient ensemble la médecine. Mais pendant que les Gottshal commercent avec les nazis malgré leur haine d'Hitler, les Weinberger resteront indifférents aux signes qu'il est urgent pour eux de quitter l'Allemagne, jusqu'à ce qu'il soit trop tard...
Une foule de personnages secondaires viennent enrichir le portrait de l'Allemagne de 1923 à 1945 : fanatiques, profiteurs, délateurs, lèches-bottes, lâches...

 

F. O. Gisbert écrit "Je n'ai jamais réussi à comprendre pourquoi tant d'Allemands "bien", respectables, avaient pris à la légère la montée du nazisme tandis que les Juifs tardaient étrangement à fuir. Par quelle aberration, à cause de quelles complaisances, quelles lâchetés le nazisme fut-il possible? Qu'était-il arrivé à ce grand pays de musiciens, de philosophes et de poètes?

Cette histoire apporte peut-être quelques clés."

 

Avis personnel :

 

Un livre que j'ai dévoré. Gisbert sait varier les tons : dramatique quand il raconte la violence barbare et gratuite des pogroms ou encore le supplice d'Elsa Gottshal. L'humour quand cette même Elsa, face à Hitler lors d'un dîner mondain, lui parle des travaux du docteur français Edgar Bérillon qui prouvent que les Allemands sont des sous-hommes par rapport aux Français : "Nous sommes tous les Juifs d'un autre peuple qui se sent supérieur."

 

Un + : l'humour juif si particulier dont Gisbert parsème son livre, toujours aussi pince-sans-rire.
Un exemple :
"-Tu as là une très belle montre en or!
-Oui, et j'y tiens beaucoup car c'était celle de mon père. Il me l'a vendue sur son lit de mort..."

 

 

2. "Il est de retour" de Timur VERMES.

 

 

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L'histoire en quelques mots :

 

Berlin, 2011. Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n'est pas content : plus personne ne fait le salut nazi? Depuis quand tous ces Turcs ont-ils pignon sur rue? Et surtout, c'est une femme qui dirige le pays! Le Fürher est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Mais pour cela il lui faut une tribune. Et c'est là que les médias vont lui en fournir une. Et la machine médiatique va s'emballer.

 

Avis personnel :

 

Ca commence comme une farce : notre monde vu par les yeux incrédules d'Hitler ressuscité qui découvre une Allemagne très différente de celle qu'il a quittée en 1945. Des folles qui se promènent avec un sac pour ramasser les crottes de leur chien. Des commerces turcs un peu partout. Hitler que tout le monde prend d'abord pour un sosie de l'autre et pour un humoriste dont la performance incroyable est de continuer à jouer son rôle même lorsqu'il n'est plus sur scène ou devant les caméras.
Mais peu à peu, les gens vont se dire que finalement, ce clown ne dit pas que des conneries. En voilà au moins un qui ne mâche pas ses mots. Et en ces temps de crise, nombreux sont ceux qui sont prêts à l'écouter autrement que comme un bouffon...

Un + : l'humour satirique et grinçant, le pouvoir des réseaux sociaux, de Youtube...

 

 

3. "La Dictatrice" de Diane Ducret.

 

 

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L'histoire en quelques mots :

 

2023 : sous les coups de boutoir des partis nationalistes et extrémistes, l'Europe s'effondre. Lors de l'annonce officielle de sa dissolution, une journaliste, Aurore Henri, balance une pierre et blesse un chef d'Etat. Emprisonnée, elle devient célèbre en continuant à lutter via Internet pour sauver son continent.

Elle est libérée en 2029. Entre temps, les différents pays de l'ex-Europe ont sombré dans la faillite et l'anarchie : victimes du protectionnisme de chacun, ils se sont mutuellement ruinés. Ils n'ont même plus de quoi se payer leur pétrole...
Peu à peu, vue par les peuples comme leur seule sauveuse potentielle, Aurore Henri  va accéder au pouvoir et va fonder une "Nouvelle Europe" où elle s'attribuera tous les pouvoirs. C'est là qu'elle commence à vouloir obstinément le bien de ses sujets, même contre leur gré...

 

Mon avis :

 

Une dystopie (un futur "catastrophe") qui ressemble étrangement à l'ascension d'Hitler au pouvoir. A 100 ans près toutes les dates correspondent (1923, 1929, ...1945), les méthodes sont semblables (les SA, les SS, les camps...). Même les initiales du personnage principal y sont... Un roman qui fait réfléchir car derrière ce roman d'anticipation, il y a un enchaînement des faits très plausible : la crise de confiance dans les partis traditionnels, la montée des partis nationalistes et extrémistes, la chute de l'Europe, le krach financier qui s'ensuit, le désespoir des peuples trompés par leurs politiciens et qui aspirent à tout prix à un retour à l'ordre... et bien sûr, comme avec Adolf, à la fin, la fuite en avant vers le néant... 
Une sonnette d'alarme?...

Un + : et on croit que le monde sera enfin en paix quand les femmes dirigeront le monde...

 

 



22/03/2020
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